Mesdemoiselles, n'abandonnez pas les maths au lycée, le monde a besoin de vous!!

L’enseignement des mathématiques est aujourd’hui un vrai dilemme pour nos dirigeants. De toute part, les sonnettes d’alarme sont tirées : mauvais classement PISA, grand écart entre les plus fragiles et les élites, abandon des maths au lycée, niveau insuffisant à l’arrivée dans le Supérieur… et les filles qui se détournent de plus en plus de cet enseignement. Ce qui est une très mauvaise nouvelle pour nous tous !

La réforme du bac général partait d’un bon sentiment et avait des objectifs tout à fait louables. Mais voilà, force est de constater que ne pas mettre de mathématiques dans le tronc commun d’enseignements était une erreur. La marche arrière semble être enclenchée, espérons que la direction prise soit la bonne…

Avant la réforme (bacs L, ES, S), 90% des lycéens avaient un enseignement en mathématiques, à des degrés divers. Aujourd’hui c’est un peu moins de 60%, et pour les filles seulement 48%.

Les mathématiques n’ont pas bonne presse, et ça ne date pas d’aujourd’hui. Pourquoi cette allergie aux maths?

Pour commencer, il est vrai qu’on arrive très bien à vivre au quotidien sans être un pro de Pythagore ou des intégrales. Alors pourquoi souffrir pour quelque chose qui nous semble inutile ? Parce que oui, pour certains, apprendre les maths c’est un peu comme apprendre du chinois, pas évident pour tout le monde.

Ajoutez à cela que la phobie des maths se transmet très bien de parents à enfants, un peu comme la phobie des araignées...

Sans oublier le fait que nous avons tous en tête le cliché du mathématicien fou, seul devant son tableau, associable et déconnecté de la réalité. Pas très vendeur comme perspective d’avenir et de développement personnel…

Et puis les sciences, on a surtout l’impression que c’est une histoire d’hommes. C’est en tout cas une idée reçue à laquelle il est difficile de tordre le cou. C’est vrai que l’Histoire a plutôt mal démarré. Pour rappel, ce n’est qu’en 1924 que les filles ont été autorisées à passer le bac, et pour se faire une place à l’université il fallait être sacrément motivée. La plupart des femmes scientifiques étaient considérées comme des assistantes plutôt que comme des collaboratrices, et certaines ont été spoliées de leurs découvertes. On commence doucement à reconnaitre ce qui leur est dû et à le vulgariser auprès du grand public avec des films comme Les Figures de l’ombre.

Il est plus que nécessaire de proposer à nos jeunes des modèles féminins et de casser le stéréotype du scientifique !

Aujourd’hui, lorsqu’on demande à une jeune fille de nous citer une femme scientifique inspirante, vous obtenez presque à tous les coups Marie Curie. Certes. Mais ça commence à dater un peu... et on peut faire des choses extraordinaires sans forcément avoir un prix Nobel.

Pourquoi ne pas leur parler d’Aurélie Jean, Docteur en sciences et entrepreneure française? Spécialiste du code, elle a monté son entreprise aux Etats-Unis où elle développe des algorithmes pour des gouvernements et des entreprises dans des domaines très divers, elle donne des cours au MIT, participe à des podcasts de vulgarisation scientifique, écrit des livres comme De l’autre côté de la machine… De quoi donner le tournis.

Faites lire à vos ados l’article écrit sur Farah Alibay, ingénieure aérospatial franco-québécoise, ou celui sur Joanne Kanaan et Anna Shirinskaya qui ont fondé Omini en proposant une solution innovante de surveillance de l’insuffisance cardiaque, ou encore le parcours de Lucie Basch, créatrice de l'application Too Good To Go, bien connue des étudiants entre autres, qui lutte contre le gaspillage alimentaire.

Il y en a pour tous les goûts, dans tous les secteurs. Faire des études scientifiques ne veut pas dire être passionnée de mécanique automobile... Par contre, il est essentiel de continuer les mathématiques au lycée.

Il faut donner envie aux jeunes filles, qui ont trop souvent tendance à se sous-estimer et à douter de leurs capacités, de poursuivre dans le domaine scientifique. C'est un domaine dans lequel elles sont peu nombreuses et pourtant dans lequel elles excellent. Elles sont très demandées et attendues par les entreprises!

Les mathématiques sont tout aussi nécessaires pour les métiers du commerce, et bien évidemment pour ceux de la gestion et de la finance. Pas besoin de maitriser les nombres complexes ou les matrices, mais il faut aimer travailler avec les chiffres et Excel deviendra votre meilleur ami.

N'oublions pas non plus que les mathématiques, et les sciences en général, jouent un rôle important dans le devenir de nos jeunes en tant que citoyens. Nous sommes abreuvés de chiffres, de courbes, de données scientifiques, et quand on ne comprend pas on a tendance à croire la personne la plus convaincante et non pas celle qui fournira les explications rationnelles. C'est dommage et préjudiciable.

Je vous invite à lire une très belle tribune Nous, polytechniciennes, nous nous unissons pour promouvoir les mathématiques auprès des jeunes filles publiée dans Le Monde le 30 mars 2022.

Oui les maths permettent d’avancer avec le monde, de choisir un métier qui a du sens, d’innover, de créer du lien… Contrairement à l'image véhiculée par les clichés.

Il y a environ 50% de femmes dans le monde, mais proportionnellement elles ne sont que très peu présentes dans certains secteurs professionnels, des secteurs qui offrent des emplois à très haute valeur ajoutée. Elles ont pourtant énormément à apporter à notre société.

Alors jeunes femmes, osez les maths !